Tel était le sujet de la conférence de Jean Dominique Senard (président de Renault Group) aux Essentiels des Bernardins mercredi 12 juin.
Alors que la situation s’est globalement fortement améliorée depuis le fameux film de Chaplin « les temps modernes », où il était écrasé entre deux engrenages, le sujet reste d’actualité.
La percée de l’IA renforce l’acuité de la question, quand les divers baromètres pointent un désengagement record par rapport à l’entreprise et que les RPS risques psycho sociaux deviennent majeurs dans les arrêts maladies. Que faire quand aujourd’hui 25% des personnes considèrent le travail comme important alors qu’elles étaient 70% il y a 30 ans.
Etre le Maître des variables ou devenir La variable ?
Pour Jean Dominique Senard la solution repose en trois mots :
· Ecoute
· Respect
· Reconnaissance
Derrière les revendications avouées – retraite, salaire, emploi, …- ce sont ces trois mots qu’il retrouve à la racine des revendications.
C’est surement très juste. Mais je pointe une difficulté dans la mise en œuvre et je prends un seul de ces mots : Reconnaissance. J’ai parfois constaté, dans mon rôle de Manager que ce que je pensais être un bon marqueur de ma reconnaissance et de celle de l’entreprise ne l’était pas pour la personne.
Ces notions sont très relatives et dans un univers riche, luxueux en réalité, la course a toujours plus, limite l’impact des meilleures intentions.
Autre ancrage très fort de Jean Dominique : la Responsabilité
Pas l’auto-gestion. Pour lui cela ne marche pas et les expérimentations chez Michelin ont été des fiascos.
La responsabilisation doit se faire dans un cadre clair, avec l’ambition de développer les talents pour résoudre les problèmes. Au lieu de fonctionner en – Commande le matin, Supervision à midi et Contrôle le soir !
Cela demande une conviction très forte de la part de l’équipe dirigeante et un effort majeur de formation des personnes pour assumer cette responsabilité
Dans ce discours porté avec talent, sincérité et charisme, je vois cependant une faille : la durée
8 ans pour changer la philosophie de Michelin, c’est trop long dans un contexte actuel où tout va très vite, où les chefs, les gouvernements, les budgets valdinguent du jour au lendemain
J’ai rencontré beaucoup de grands patrons qui ont découverts sur le tard l’importance de la culture, et qui n’ont jamais voulu prendre le sujet à bras le corps, avec des méthodes rigoureuses., comme l’illustre l’article ci dessous.
J’ai constaté à l’APHP, à l’Administration Pénitentiaire, chez Orange, La Poste, Schneider Electric, … qu’avec l’engagement du dirigeant et de son équipe, avec une démarche rigoureuse d’implication des équipes à tous les niveaux, un investissement économique raisonnable que les résultats peuvent etre très visibles en 18 mois. Inversement si le discours reste incantatoire « il n’y a qu’à responsabiliser » il n’y aucune raison d’obtenir un résultat probant
Pour finir sur la personnalité de Jean Dominique Senard, j’ai été marqué par son humilité et sa soif d’apprendre.
Il ne veut porter un commentaire que sur des sujets qu’il a pu approcher de suffisamment près. Ainsi quand il s’alarme du délabrement de l’hôpital public, il le fait en connaissance de cause en étant administrateur du principal hôpital d’Avignon
L’un des enjeux de nos entreprises est de développer des leaders adroits, diplomates, convaincus, soucieux du bien être de leurs équipes et de leur rayonnement sur toute la société. Il semble que l’entreprise en soit plus capable que les politiques actuels ?
Laurent
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