Ecrit par l'équipe de P-Val by Circle Strategy

Trois arbitres de rugby lors de leur stage de préparation de la Coupe du Monde échangent leurs bonnes pratiques

  • Le premier arbitre affirme : « Moi, je siffle toutes les fautes ».
  • Le deuxième arbitre dit : « Moi, je siffle toutes les fautes que je vois ».
  • Le troisième déclare : « Moi, quand je siffle, il y a faute ».

Cette histoire que vous pouvez aisément transférer dans votre univers professionnel distingue trois conceptions de la réalité :

  • Le premier arbitre est un positiviste. Pour lui, il est possible de décomposer objectivement une réalité complexe en éléments distincts, puis, grâce à des principes et des lois, de comprendre intégralement, d’améliorer et même de prévoir son évolution. C’est notamment la position de René Descartes.
  • Le deuxième arbitre est un interprétativiste. Il accepte sa subjectivité humaine, qui introduit une part d’incapacité à saisir l’intégralité de la réalité, mais aussi une forme d’interprétation liée aux croyances et aux conventions sociales. On retrouve ici la notion de rationalité limitée, qui a valu son prix Nobel d’économie à Herbert Simon.
  • Le troisième arbitre est un constructiviste. Il postule que la réalité est socialement construite par les êtres humains, et que cette représentation peut significativement s’écarter du réel objectif. Cette posture correspond à la philosophie postmoderne de Jean Baudrillard.

 

Vous retrouvez ces trois approches en stratégie d’entreprise :

  • La posture cartésienne, c’est celle des outils classiques de la stratégie, des matrices aux forces de la concurrence, de la courbe d’expérience au SWOT. C’est une démarche systématique, analytique et rationnelle, dans laquelle la stratégie se conçoit à la manière d’un architecte qui dessine un immeuble.
  • La posture de la rationalité limitée, c’est celle qui prend en compte l’impact de la culture et de l’expérience, qui admet que les entreprises élaborent leur stratégie en fonction de leurs échecs et de leurs succès passés, et que leur trajectoire future est l’extrapolation du chemin qu’elles ont déjà parcouru. Les schémas de pensée implicites font que certains éléments stratégiques sont sur-interprétés et d’autres minimisés, sans que vous en ayez vraiment conscience.
  • La posture constructiviste rappelle que beaucoup d’éléments stratégiques considérés comme des données sont en fait des construits. Les facteurs clés de succès sont le plus souvent le résultat des stratégies des concurrents établis. Les taux de croissance découlent des décisions d’investissement. Les modes managériales sont des conventions collectivement admises.

Dans notre approche des Mondes© la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie repose en tout premier lieu sur l’alignement des modes de pensée et d’action sur cette stratégie.

C’est ce que nous appelons le Monde de Performance, votre Monde Voulu. Ce Monde Voulu est à analyser au regard du Monde actuel, qui préexiste et qui dicte les décisions et actions actuelles, souvent depuis longtemps.

Dans la construction volontariste de ce Monde Voulu, nous pouvons nous demander de quel arbitre nous sommes le plus proche.

  • Notre Monde voulu est-il objectivement le plus pertinent pour exécuter cette stratégie indépendamment justement des biais résiduels de notre Monde actuel ? (arbitre 1)
  • Est-il le meilleur que nous pouvons proposer compte tenu de notre histoire, de notre équipe de management, des contraintes qui s’exercent sur nous ? (arbitre 2)
  • Enfin sera-t-il efficace justement parce que nous avons fait l’effort d’expliciter ce Monde Voulu et qu’il va nous aider à « courber la réalité » comme Steve Jobs. Notre volonté entrepreneuriale étant in fine l’essentiel ? (arbitre 3)

Les règles du rugby sont tellement complexes et les joueurs et les entraineurs savent si bien jouer avec que l’arbitre joue un rôle majeur dans la réussite du match. Il lui faut cumuler les 3 approches :

  • Viser une rationalité maximale en connaissant précisément toutes les règles et la manière dont les acteurs vont en jouer,
  • Accepter de faire des choix car s’il siffle toutes les fautes il n’y a plus de jeu
  • Et s’il a un doute ou s’il commet une erreur s’y tenir pour ne pas perdre le fil de son match et assurer la crédibilité de l’ensemble.

Pour le manager en charge d’un plan stratégique, d’une fusion, d’une transformation c’est la même chose. Il est l’arbitre de la transformation, sa transformation.

Nous l’aidons à construire le Monde Voulu le plus efficace, en partant de la première approche par des apports, des benchmarks, des mesures, puis nous animons une co-construction avec l’équipe managériale en leur donnant des outils de réflexivité pour être conscient de leurs Mondes actuels, personnels et collectifs. Enfin nous formons les créateurs et passeurs de ce Monde Voulu a l’incarner avec le maximum d’authenticité en leur montrant que in fine ils sont les arbitres de ce Monde Voulu et que la responsabilité reste toujours entre leurs mains.

Laurent Dugas

photo ld médaillon

 

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