Écrit par l'équipe P-Val

Coronavirus : la DataScience aussi peut sauver des vies

Mars 2020

Bill Gates le soulignait déjà il y a 4 ans dans cette conférence TED, nous sommes peu préparés aux pandémies. Dans cette vidéo, il nous exhortait à utiliser les technologies disponibles. Aujourd’hui, ces capacités technologiques se regroupent derrière un terme clé : la DataScience.

 

La DataScience permet de faire trois choses : décrire, prédire, prescrire.

 

DÉCRIRE, afin de partager une base de faits indiscutable

 

C’est le premier travail d’un DataScientist. Avant de chercher à faire des analyses complexes sur un phénomène, il faut le mesurer. Le rôle du DataScientist est de rendre utilisable des données multiples, non comparables et incomplètes. C’est ce qu’on appelle la qualité de la donnée. Dans le cas du COVID-19, chaque pays mesure avec ses propres règles, sa propre politique de tests, mais aussi avec sa propre politique de transparence. Pour illustrer, je recommande le site de l’université Johns Hopkins dont les DataScientists ont rendu comparable les données, ou encore cet excellent article du New York Times, “How the Virus got out”, qui raconte la propagation du virus depuis la chine.

 

 

 

PRÉDIRE, afin de planifier l’étape d’après

C’est la deuxième bataille essentielle de la Data. Prédire. Construire des modèles qui permettent de dire, “à ce rythme, si on ne fait rien, nous serons à tant de décès dans une semaine, mais si chaque Français réduisait ses contacts de 5 à 1, alors… Si nous fermons aussi les marchés, alors…”. C’est ce type de raisonnement qui permet au politique de prendre des décisions, avec un bon niveau de confiance sur leur efficacité.

 

Les modèles mathématiques de propagation d’épidémie sont connus, mais cette bataille de la prédiction est plus complexe. Complexe pour la qualité de la donnée mais complexe aussi parce que le modèle doit prendre en compte des paramètres spécifiques au virus que l’on connaît mal (période d’incubation, durée et taux d’infectiosité…). Une erreur sur ces paramètres peut conduire à sous ou surestimer fortement les conséquences d’une propagation et donc à prendre les mauvaises mesures. Complexe enfin parce que personne ne dispose de données sur la totalité de la population. Le DataScientist va donc mettre en œuvre une approche stochastique, c’est à dire utiliser des variables aléatoires afin de généraliser ce qu’on observe sur un sous-ensemble de la population.

 

 

PRESCRIRE pour décider des mesures ciblées

 

C’est sans doute le volet sur lequel les pays occidentaux sont les plus en retard. Utiliser toute la puissance de la technologie et de la DataScience pour freiner la propagation du virus, en mettant en place les mesures ciblées les plus efficaces.

 

Prescrire, dans le cas du coronavirus, consisterait à construire un Waze du coronavirus. L’application de navigation Waze prend en compte l’ensemble des données de trafic pour ajuster en temps réel votre itinéraire et vous garder sur la route optimale pour vous et pour les autres. Le Waze du coronavirus dicterait nos choix de vie pendant cette période : rester chez nous, aller se faire tester, choisir le bon moment pour aller faire les courses, aller travailler sans danger. Le tout en fonction des positions et des mouvements en temps réel de l’ensemble des personnes infectées suivies grâce au bornage des téléphones ou encore des données de transactions bancaires.

 

La Corée du Sud a fait un choix qui va dans ce sens. Les déplacements des personnes infectées sont retracés à partir des données de leur mobile, afin de retrouver les personnes “contact”. Des SMS sont envoyés pour proposer des tests, ou encore pour signaler un cas dans un quartier et inviter au confinement. En Chine ou en Iran, des applications gouvernementales invitent à se signaler lorsque l’on a des symptômes, afin de mesurer l’évolution de l’épidémie et de prendre localement les dispositions qui permettent de freiner l’épidémie.

 

En Occident, le débat existe, utiliser ou pas. Faut-il sacrifier partiellement nos libertés fondamentales pour lutter plus efficacement contre le virus ? Qui est le plus libre : le Français enfermé, ou le Coréen suivi à la trace ? Faut-il passer de “prédire” à “prescrire” ?

 

Bill Gates ouvrait la voie il y a quatre ans à un usage de la technologie pour combattre les épidémies. Cette voie est une énorme opportunité en santé publique, et dans de multiples usages de nos vies professionnelles.

 

 

Antoine Bacalu
Manager P-VAL Sigma

 

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