Développer votre potentiel de Coopération : les leçons de l’ISS
Mai 2022
La Coopération est un levier de performance dont le potentiel a longtemps été sous-estimé ou galvaudé (nous sommes partenaires !). Pour se développer, les entreprises ont plutôt misé sur leurs propres ressources organiques ou choisi de faire des acquisitions.
Mais les défis économiques, technologiques ou sociétaux sont tels que « faire seul » est devenu sinon une stupidité ou une impasse, en tout cas une voie trop lente et trop chère. Pour faire face à nos défis, nous devons apprendre à coopérer. Pour les anthropologues c’est d’ailleurs LA compétence qui a permis à l’homo sapiens de réussir. Nous, leurs descendants, avons donc en nous ce potentiel et cette envie. Aujourd’hui, nous devons apprendre à la faire ressurgir et à la développer à une échelle aussi ambitieuse que celle qui a permis à nos ancêtres de survivre au froid, à la faim et aux bêtes sauvages.
L’exemple emblématique de coopération réussie est l’ISS.
L’idée de la Station Spatiale Internationale a germé sous Reagan. Devant l’ampleur de la tâche, les USA ont embarqué le Canada, le Japon puis l’Europe. Et quand la destruction en plein vol de Challenger les a privés de lanceur pour de nombreuses années, l’administration Clinton s’est alors ouverte aux Russes. Ils avaient un lanceur fiable capable d’emporter des charges importantes et beaucoup d’enjeux dans l’espace. C’est ainsi que l’ISS est née et a assuré une présence habitée dans l’espace continue depuis 22 ans. Pourtant les freins à la coopération étaient légions : stratégie, langage, culture, technologie, politique, économie, propriété intellectuelle. Même la guerre entre la Russie et l’Ukraine n’a pas stoppé cette coopération. Ce qui va mettre fin à l’ISS est sans doute la projection vers une station lunaire et son usure structurelle.
Quelles sont les conditions de réussite consubstantielles de l’ISS qui peuvent éclairer nos coopérations terriennes ?
1. Le point pivot d’une coopération est la convergence des objectifs de chaque acteur vers un objectif supérieur plus ambitieux encore. Il permet de fédérer et de booster les objectifs de chacun. C’est l’image de l’escabeau. En montant sur la première marche chacun de leur côté, les deux acteurs ne peuvent atteindre qu’un objectif limité et très loin de celui de l’autre. En montant jusqu’en haut de l’escabeau, les deux acteurs vont se rejoindre sur un objectif chapeau beaucoup plus ambitieux et commun : apprendre à vivre durablement dans l’espace. Les objectifs « en dessous » sont spécifiques pour chacun : préparer une mission vers Mars, gérer de satellites, tester des matériels.
2. La certitude que l’on a besoin de l’autre. Coopérer génère plutôt des interactions agréables mais ce plaisir n’est pas une fin en soi. On coopère parce que l’on doit le faire pour être plus performant. Chaque partenaire a des moyens de financement et des savoir-faire uniques indispensables à la réussite du projet. Les Russes apportaient ce qu’ils avaient développés pour la station Mir et en particulier les technologies de ravitailleurs. Les Européens leur technologie et leurs idées d’expériences scientifiques.
3. Le prix à payer est plus faible que le gain. Toute coopération va générer des efforts, des renoncements, des arbitrages douloureux. Il faut donc s’assurer que le bénéfice final soit supérieur au prix à payer. Plus le gain est fort, plus le coût de la coopération est acceptable. Et plus la coopération est une habitude, plus son coût devient faible. Nous en reparlerons dans un autre article.
Ces trois Lois sont essentielles pour poser les fondements de votre projet de coopération, mais pas suffisantes. Elles doivent s’ancrer sur une culture en action , Un Mondes de Coopération. Nous détaillerons ce Monde dans de futurs articles, mais ici je mets l’accent sur deux composantes clés, deux Mondes de références :
– Le Monde de l’Inspiration : pour « trouver » l’objectif ambitieux partageable il faut réfléchir en dehors du cadre existant, il faut voir plus haut, plus loin, différemment.
– Le Monde Marchand : la coopération doit permettre de gagner. Elle est pragmatique, opportuniste pour tirer parti des contextes. Elle n’est surtout pas bureaucratique, ce n’est pas un système à faire fonctionner.
Ces 3 Lois + 2 Mondes doivent vous aider à questionner vos envies ou vos idées de coopération, et à poser les bases de votre Monde de Coopération.
Dans de prochains articles, nous vous donnerons d’autres clés et d’autres exemples de coopérations réussies.
Laurent Dugas
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